Le kayak et l'oumiak,
les deux bateaux inventés par les Esquimaux

Les bateaux en peaux que l'on nomme "qajaq" et "umiaq" furent avec le traîneau à chiens les trois moyens de transport inventés à l'origine par les Inuit. Il y a des milliers d'années, ils étaient déjà utilisés par les immigrants venant d'Asie qui traversèrent le détroit de Behring, voyagèrent le long des côtes du Nord Canada et atteignirent le Groenland. Sans ces bateaux, il aurait été impossible aux Inuit de voyager si loin et de survivre dans le rude climat arctique. C'est pourquoi ils ont été d'une grande importance dans la culture groenlandaise et dans sa diffusion.


Le kayak : un bateau pour la chasse
Le Qajaq ou kayak était une embarcation individuelle utilisée par les hommes principalement pour chasser. Elle permettait au chasseur d'approcher silencieusement les mammifères marins tels les phoques, les morses et les petites baleines. Son équipement de chasse était composé de harpons pour ces mammifères marins, de lances pour les oiseaux, de flotteurs réalisés avec des vessies (de phoques, morses, narvals ou bélougas), d'un porte-lanière (lanière en peau de phoque reliant le flotteur à la pointe de harpon) et d'un écran de tir servant au camouflage du chasseur (seulement depuis l'introduction du fusil à la fin du XIXe siècle).

L'esquimautage
La pagaie à double pale était utilisée pour la propulsion du kayak mais aussi comme stabilisateur (pour éviter qu'il ne se renverse). Quand le vent était fort et la mer agitée, un chasseur qui laissait sa pagaie s'échapper était perdu. Par un tel mauvais temps, le kayak pouvait chavirer et son utilisateur devait être capable de le redresser pour ne pas se noyer. Ainsi, il devait être suffisamment habile pour plonger latéralement dans l'eau, tournant avec son kayak pour se redresser vers la surface : cette technique s'appelle "kinngusaqattaarneq" en groenlandais et "esquimautage" en français.

Esquimautage (photographe inconnu)

L'expédition 1999 avec les adolescents du foyer d'Uummannaq
Faire du traîneau, c'est la liberté d'aller là où on le désire et de faire corps avec la nature. Sensation plus à vivre qu'à décrire ! Mais cela prend du temps à apprendre à diriger son propre attelage, plusieurs mois pour devenir vraiment maître des chiens qui courent (on crie : " iuk-iuk-iuk " - [i-youk] - pour aller à gauche, " ili-ili-ili " pour aller à droite...). J'avais encore beaucoup appris lorsque j'étais parti deux mois, de la fin mars à la mi-mai, en " expédition " - 12 traîneaux et plus de 160 chiens au plus fort du voyage - avec certains des meilleurs chasseurs groenlandais de la région et des enfants du foyer d'Uummannaq. Durant notre périple sur la glace, plusieurs semaines sur la banquise et plusieurs centaines de km de " route ", nous avions essuyé bien des tempêtes, trouvé notre chemin à travers le brouillard mais aussi bronzé sous un soleil violent, allongés sur les traîneaux pendant de longues heures. Nous avions séjourné dans des petits villages isolés de chasseurs-pêcheurs, comme celui de Niaqornat (lire Niaqornat, un petit village de chasseurs d'ours), un peu moins de cent habitants avec lesquels nous avions partagé les repas, participé aux courses de traîneaux ou disputé un match de football sur la banquise entre les chiens. Nous avions vécu pendant deux semaines dans des vieilles cabanes, petits refuges de chasseurs isolés sur la côte ou sur les îles, en " plein air " sous la tente, en buvant l'eau provenant de la fonte de morceaux d'icebergs et en mangeant la viande des phoques tués dans la journée. Pour les adolescents du foyer, ce fut une grande expérience éducative : apprendre à vivre dans la nature et à chasser à la méthode traditionnelle inuit.

Les vêtements pour faire du kayak
Pour pouvoir exécuter cette figure, le chasseur portait un anorak en peau de phoque, dont la capuche était serrée autour du visage, et une jupe serrée autour du cerclage d'insertion dans la coque. Tous les vêtements et revêtements en peaux étaient graissés avec de l'huile de phoque pour les rendre imperméables. Complètement hermétiques, ils formaient une poche d'air à l'intérieur du kayak et des vêtements qui isolait l'homme du froid et gardait l'embarcation à flot dans les vagues d'une tempête.
Construction du kayak
Au fil des années, la forme du kayak varia d'un endroit à l'autre à cause de la tradition locale mais d'abord pour s'adapter aux conditions naturelles particulières. Long de 5 m en moyenne, il était très étroit en largeur et en profondeur. La structure était faite de bois importé (ou de bois flottant avant l'apparition du commerce). Les différentes parties étaient assemblées avec de la ficelle (plus tard avec aussi quelques clous), comme sur le modèle que l'on peut voir dans le Musée. Puis cette structure était recouverte avec de la peau de phoque bien tendue. Le tout devait être fait sur mesure, particulièrement la structure qui tenait compte de la longueur de la jambe, du bassin au plat du pied. Emprunter un kayak groenlandais qui n'était pas à la taille de son utilisateur pouvait être dangereux.
L'oumiak : le bateau des femmes
Au fil des années, la forme du kayak varia d'un endroit à l'autre à cause de la tradition locale mais d'abord pour s'adapter aux conditions naturelles particulières. Long de 5 m en moyenne, il était très étroit en largeur et en profondeur. La structure était faite de bois importé (ou de bois flottant avant l'apparition du commerce). Les différentes parties étaient assemblées avec de la ficelle (plus tard avec aussi quelques clous), comme sur le modèle que l'on peut voir dans le Musée. Puis cette structure était recouverte avec de la peau de phoque bien tendue. Le tout devait être fait sur mesure, particulièrement la structure qui tenait compte de la longueur de la jambe, du bassin au plat du pied. Emprunter un kayak groenlandais qui n'était pas à la taille de son utilisateur pouvait être dangereux.

Maquette d'oumiak au musée d'Uummannaq
Construction de l'oumiak
Comme pour les kayaks, la structure de l'oumiak était construite en bois importé ou flottant. Il était de différentes longueurs, de 5-6 m à plus de 10 m, avec une moyenne de 7 m. Le revêtement était constitué de nombreuses peaux de phoques (de 15 à plus de 31 peaux de phoques du Groenland ou de 7 à plus de 15 peaux de phoques barbus). Jadis changé tous les ans, il devint indispensable, lorsque les peaux furent plus difficiles à obtenir, de le graisser très souvent pour pouvoir préserver la peau plus longtemps. Un oumiak pouvait avoir un mat court et une petite voile (il y a longtemps, elle était faite avec des pièces d'intestins de phoque cousus ensemble).
Le déclin des bateaux en peaux
Avec l'arrivée des baleiniers européens au XVIIe siècle, les barques en bois furent pour la première fois introduites au Groenland. Avec la colonisation danoise à partir du XVIIIe siècle, le bois et les techniques de construction furent importés. Mais c'est au XXe siècle que le nombre d'oumiaks diminua vraiment. Le manque de peaux, causé par l'augmentation de la pêche tandis que la chasse diminuait, semble en être l'explication. Au même moment, les bateaux à moteur commencèrent à remplacer les kayaks et les oumiaks. Même avec le premier moteur de 9 chevaux, les Groenlandais pouvaient aller plus vite et plus loin qu'avec un kayak...
Une tradition toujours vivante...
Depuis quelques années pourtant, le kayak traditionnel groenlandais connaît un renouveau en tant que sport. Les clubs qui se sont créés dans tout le pays tentent de préserver les techniques traditionnelles de construction et de promouvoir l'adresse de navigation et la compétition. Ici à Uummannaq, le club de kayak est très actif et parfois, pour certaines manifestations culturelles, même les femmes naviguent à nouveau à bord de l'oumiak.
Kayak et oumiak